On voit le titre, et on s’attend au récit d’un grand moment de journalisme.
« Vidéo Edouard Philippe vexé dans C à vous : pourquoi le 1er ministre a été choqué »
Le coeur tremblant, on se demande : le Premier Ministre de la sixième puissance mondiale aurait-t-il été, enfin, deux ans après sa nomination, interrogé pour la première fois sur son passé, disons, son recrutement en 2007 en tant que lobbyiste pour AREVA au moment où l’entreprise faisait disparaître 4 milliards d’euros de fond publics dans une affaire de corruption, où il serait utilisé pour couvrir la pourriture qui se généralisait ? L’aurait-il été au sujet de son attribution de subventions à SciencesPo en tant que maire adjoint du Havre après qu’il ait fait recruter sa femme par l’institution ? Au sujet de son pantouflage dans un cabinet d’avocat anglosaxon après avoir intégré le Conseil d’Etat, où il aurait aidé des entreprises étrangères à gagner des contentieux contre l’Etat, c’est-à-dire contre nous, en utilisant pour cela les ressources que la collectivité lui avait attribuées pour défendre le bien commun, à travers sa réussite au concours de l’ENA ?
Aurait-il été interrogé sur son rôle dans les violences politiques qui ont blessé 2000 citoyens qui réclamaient égalité et dignité ces derniers mois ? Sur les 10 000 arrestations, les lycéens agenouillés ? Sur les mensonges propagés par son gouvernement sur la taxe carburant, mensonges qui ont fait naître la plus grave crise sociale de notre modernité, cette taxe qu’il présenterait comme devant financer la transition écologique, mais pourtant effectivement créée pour pérenniser le CICE et ainsi transférer 7 milliards d’euros de l’ensemble de la population vers les plus favorisés ?
Ce Premier ministre sur lequel personne n’a enquêté avant qu’il soit nommé, aurait-il été interrogé sur ses liens avec le CAC40, avec les principaux bénéficiaires de cette pérennisation du CICE, par exemple le fondé de pouvoir de Bernard Arnault et PDG de Carrefour Alexandre Bompard, qui alors que cette mesure se préparait, invitait son « copain » régulièrement à dîner dans son appartement parisien pour débattre de la politique fiscale du pays ? Sur ADP sinon, dont M. Philippe a défendu urbi et orbi la privatisation, contre l’avis de la quasi-totalité des forces politiques, avant de tenter d’empêcher l’organisation d’un référendum à ce sujet ?
Au sujet de la nomination de Christophe Castaner à l’intérieur alors, ou encore sur le coût d’un « grand débat » qui aura été réduit à une série de meetings de propagande pré-electorale, dont aucun des « résultats » n’aura été pris en compte par son gouvernement ?
Au sujet des démissions d’Hulot, de Collomb, leur remplacement par des insignifiants, la nomination de conseillers de l’Elysée dotés d’aucune légitimité ?
Des cent services d’urgence en grève pour ne plus laisser mourir des patients faute de moyens ? Des milliers de professeurs saturés, au bord du suicide, arrivés au point de refuser de surveiller le baccalauréat ? De ce « service national » de deux semaines mis en place par son poulain qui coûtera la modique somme d’un milliard deux, là où 50 millions d’euros peinent à être mobilisés pour les hôpitaux ? Sur les menaces sur la liberté de la presse, les 24% de confiance des français dans les médias, la protection dont Benalla a bénéficié, la suppression de l’ISF, la flat tax ?
Quelle est-donc la question qui a tant choqué le premier ministre, et permis de rétablir l’honneur d’une profession journalistique par trop souvent vilipendée, critiquée, ridiculisée alors qu’elle sait se montrer féroce et défendre le bien commun ?
Quelle preuve de courage et de ténacité, Madame Lemoine, a-t-elle montrée ?
S’étant interrogé, on ouvre fébrile la page. On commence à lire, ému d’une rupture que l’on n’attendait plus. On pense à ces mois d’enquête menés, d’un bout à l’autre du pays, au fin fond du Centrafrique, au coeur du petit Paris, au péril d’une vie, pour faire sortir ces informations, montrer la trahison, tenter de faire voir ce que personne ne montrait. Aux efforts de tous ceux qui ont tenté de les rendre publiques, aux lecteurs de Crépuscule, à tous ceux qui s’apprêtent enfin à voir leur voix portée. On ouvre, donc, on lit, et…
Ils n’ont pas eu leur révolution en 2018. 2019 la leur imposera.
Juan Branco
Le 18/06/19
(Voir un précédent article dépeignant la réalité de la nature du personnage Edouard Philippe sous la vidéo)
VIDEO Edouard Philippe vexé dans C à vous : pourquoi le premier ministre a été choqué
1er scélérat de la startup France : Edouard Philippe