Lire la « Lettre aux citoyens » de M. Macron relève d’un effort important, non pas pour sa prétendue « pensée complexe » mais pour supporter cette séquence évangélique. Les vibratos émotionnels de son style ampoulé tendent à mettre le lecteur dans un état quasi nauséeux. Procéder à une analyse exhaustive de cette lettre relève comme à l’accoutumée de la prouesse de synthèse, la glose est toujours plus longue que les textes de M. Macron, tant ses propos sont surprenants quand on connait désormais le personnage.
Ce tissu de banalités et ses mensonges trahis par la réalité illustrent assez bien l’individu : des propos en accord avec ses actes et la politique qu’il insuffle depuis 18 trop longs mois.
Nous avons examiné quelques points qui nous semblaient significatifs de la duplicité du cuistre.
Notons déjà une interrogation. M. Macron emploie à l’envi un « nous » qui nous, nous a interpellés. Qui est ce « nous » ? « Nous » peuple français ? « Nous » le gouvernement ? Ou « nous » président jupitérien qui daigne parler au peuple ? Le contexte et l’individu laissent peu de place à l’incertitude. Faute de pouvoir se nommer en « il » M. Macron s’investit de ce pluriel paternaliste qui ne renonce pas à son auto célébration jupitérienne.
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« (…) Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence. Je n’accepte pas la pression et l’insulte, par exemple sur les élus du peuple, je n’accepte pas la mise en accusation générale, par exemple des médias, des journalistes, des institutions et des fonctionnaires. Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait ! »
Il faut quand même un aplomb hors du commun quand on connait le bilan des violences policières ordonnées par ses soins. M. Macron voudrait nous laisser croire que l’exaspération légitime du peuple, victime depuis si longtemps des violences symboliques du pouvoir et des violences systémiques de l’organisation du travail, serait la cause d’un délitement social. On n’a jamais enregistré depuis plus de 60 ans autant de morts (11) et de blessé(e)s graves dont de trop nombreux mutilés définitivement que depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. Certains policiers accusent clairement le gouvernement d’organiser cette violence. Ainsi Alexandre Langlois secrétaire du syndicat de policiers VIGI (voir ici) raconte sans filtres les dérives de ce pouvoir engagé dans une logique fascisante. Serait-ce un aveuglement coupable, la marque d’une stupidité avérée précise, un triste dessein purement politique ? Nous avons des raisons de penser qu’il s’agit malheureusement des trois.
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« … C’est aussi une (nation) des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie. »
Cette déclaration est tellement audacieuse qu’on finirait par oublier l’interdiction de manifester avec le mouvement des Gilets Jaunes au risque d’être interpellé comme un dangereux fauteur de troubles avant même d’avoir déployé la moindre pancarte. Castaner chien de garde abruti de la macronie n’a de cesse de réduire les droits des citoyens en les brutalisant et en manipulant honteusement la réalité. De quoi cette violence est-elle le signe ? Dans la société capitaliste, la répression est toujours le signe d’une peur. Le capitalisme a besoin de la paix sociale pour continuer à faire du profit. Macron, garant des intérêts de ceux qui l’ont mis en place réduira dans une escalade de violence sans fin et autant qu’il leur semblera nécessaire les mouvements sociaux qui menaceront leurs profits. Le « nouveau monde » de Macron, c’est celui du capitalisme fou parvenu au paroxysme de la déraison. Inspiré par les maîtres de forges du XIX° siècle, Macron n’enverra pas les gardes mobiles, mais la BAC. Ils ne sortiront pas le sabre mais les fusils de flash balls, ils ne lâcheront pas les cavaliers armés mais les grenades dispersives. La rhétorique de Macron est usée jusqu‘à la garde de la sémantique capitaliste. Macron provoque par ses excès, Macron et son aéropage de marcheurs sont des voyous de la pire espèce.
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« …. Chez nous, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice sont accessibles à tous indépendamment de la situation et de la fortune. »
Même la très orthodoxe macronienne Agnès Buzin convient que l’hôpital est en détresse et que la psychiatrie est dans un état de délabrement inquiétant. Des citoyens meurent aux urgences faute de soins. Le personnel est harassé, les suicides dans les hôpitaux sont pléthoriques. En revanche, la médecine privée se porte bien. Les dépassements d’honoraires des spécialistes deviennent pratique courante. Cela laisse augurer de la vision macronienne de la santé publique. Il y aura les « premiers de cordée » qui pourront se soigner et ceux qui ne sont « rien » et qui deviendront tellement « rien » qu’ils seront morts.
Les enseignants sont à bout, dans des classes surchargées avec des moyens pédagogiques à l’agonie. « En même temps » on nous parle de numérisation des moyens d’apprentissage à l’école, numérisation organisée par Microsoft. Des cerveaux formatés au GAFAM seront sûrement plus dociles.
Quant à la justice il suffit de considérer les délais de traitement des dossiers. Afin d’illustrer son impartialité, évoquons l’«affaire Benalla» et celle du «boxeur Gilet Jaune», voire l’affaire Claude Guéant/Sarkozy pour prendre conscience des rapports de sévérité de la justice organisée par ce gouvernement. Pour ces sujets il serait intéressant de savoir ce que fume ou consomme M. Macron et combien de séances d’hypnose au MEDEF il suit quotidiennement, à moins que ce ne soit simplement un déni lié à son inconsistance intellectuelle.
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« Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre. »
Il n’y a tellement pas de questions interdites que la mesure est donnée dès le début de sa mascarade qui voudrait tenir lieu de consultation. « On ne reviendra pas sur ce qui est acté depuis le début du mandat ». Donc pas d’ISF, pas de négociations sur le droit du travail, pas d’interdiction du glyphosate. Le peuple n’a pas peur de parler M. Macron. C’est vous qui vous réfugiez dans des propos autoréalisateurs, c’est vous qui avez peur. Votre tartuferie de débat ne convainc que ceux qui sont acquis à vos pratiques. Le peuple est debout M. Macron, il n’est plus temps d’invoquer sa peur. Le peuple s’est levé et il serait opportun de lui servir un autre discours que vos fadaises habituelles. L’organisation des débats que vous appelez de vos vœux est une gigantesque supercherie. Ces QCM (Questions à Choix Mensongers ?) dirigés sont à l’image du débat que vous orchestrez, sans aucun point commun avec ce que souhaite le peuple.
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« Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l’action publique. »
Nos impôts ? La jolie blague M. Macron. La fiscalité telle que vos prédécesseurs et vous-même l’avez dessinée est truffée d’exceptions et de ce que vous nommez pudiquement d’«optimisations». Nous allons prendre un exemple simple M. Macron, celui de la 4ème fortune mondiale qui se trouve être française puisque c’est celle de M. Bernard Arnault. En 2017, les ultra-riches se sont très bien portés, et M. Bernard Arnault votre « premier de cordée » national, a vu croître sa fortune de 30 milliards de dollars soit une augmentation de 71.5% en un an. « En même temps » le salaire moyen des français (pour celles et ceux qui avaient un salaire) a augmenté de 1.1 %. Soyons plus précis. M. Bernard Arnault gagne 1 902 €/seconde, soit 114 120 €/minute soit ~7 millions d’€/heure. Sachant que le temps moyen d’une miction pour la grande majorité des mammifères est de 21 secondes (source Wikipédia), en supposant qu’à 70 ans avec quelques ennuis de prostate, celle de M. Bernard Arnault soit grevée de 10 secondes, soit 31 secondes pour un pipi matinal, notre premier de cordée national aura engrangé 58 962€ soit 49.6 mois de SMIC ou 26 mois de salaire moyen net le temps d’uriner. M. Bernard Arnault a honoré à l’Etat 2.2 millions d’€ d’impôts au terme d’une activité fébrile de son cabinet de conseil fiscal. Calcul fait, sans ces optimisations fiscales, M. Bernard Arnault aurait dû verser 10 fois plus à l’Etat. Rappelons que MM. Arnault, Drahi, Bolloré, Pinault-Valencienne, Mulliez et consort sont tous cités dans les « paradise papers » comme pratiquant l’évasion fiscale en toute impunité avec votre bénédiction. Rappelons que cette évasion fiscale se chiffre chaque année à 100 milliards d’€ en moins dans les caisses de l’Etat. « nos » dépenses et l’«action publique» découlent de ces pratiques. Il n’y a pas de « sujets tabous » M. Macron ? Alors débattons de cela.
Il a encore les 2 autres points de votre lettre grotesque M. Macron que nous souhaiterions rapidement évoquer avec vous mais nous parvenons à la limite où la glose dépasse le texte. Nous y reviendrons plus tard. Nous ne nous rendrons pas à vos pitreries manipulatoires, et les maires, que vous avez si gravement ignorés pendant ces 18 trop longs mois ne sont pas prêts à jouer votre caution. Vos mises en scène médiatiques dignes de mauvaises pièces de théâtre ne trompent plus personne. Les médias peinent à donner de la légitimité à vos paroles et à vos actions, vous êtes au terme de l’exercice d’un pouvoir à bout de souffle que vous tentez de sauver par tous les artifices de répressions possibles. Votre incompétence, votre arrogance, votre sottise désormais proverbiales ne masqueront plus une réalité prégnante, vous devez partir. Votre ancien monde est à bout de souffle et le vent qui se lève sera celui de votre chute.