« Le libéralisme est une valeur de gauche » (E. Macron)
De quelle gauche parlez-vous M. Macron ? De celle du quinquennat de M. Hollande avec M. Valls et M. Ayrault ? Ou faites-vous référence à la gauche de Graachus Babeuf ou à celle de la Commune ?
Encore une fois M. Macron pêche par un excès coupable de propos péremptoires et confus. M. Macron, présumé philosophe, a pour seule argumentation celle de l’affirmation, et son pouvoir de conviction s’étend sur les fanatiques acquis sans critiques à sa cause.
Une petite leçon M. Macron ?
À droite, on est plutôt conservateurs. Les valeurs morales s’appuient sur celles de la religion « traditionnelle » donc chrétienne. À droite, on « pénalise », on est en faveur du contrôle de l’opinion. À droite, on craint viscéralement l’augmentation de la dette publique et on considère que les citoyens doivent eux-mêmes en grande partie pourvoir à leur protection. À ce titre à droite on invoque la « Liberté » comme étendard à ce choix. Donc l’État doit le moins possible intervenir dans les affaires privées. En termes de sécurité publique on privilégie la sanction et la répression. On notera d’ailleurs votre fâcheuse propension à favoriser ces pratiques.
À gauche, on pense que le travail tel qu’il est défini dans une société productiviste est un facteur aliénant. À gauche on pense que la richesse doit être répartie et que la captation du capital par une minorité est la source des inégalités de toute nature. À gauche on pense que la culture et l’éducation sont des sources de progrès et des facteurs favorisant l’égalité. À gauche on pense que l’État doit investir dans le bien public et à ce titre on se moque que la dette publique augmente. D’autre part, à gauche on est plutôt enclins à la prévention qu’à la répression, et on pense que la sécurité des citoyens passe par l’éducation. C’est d’ailleurs un point sur lequel la droite accuse la gauche d’angélisme, préférant s’en rendre à l’objectivité de la violence plutôt que la comprendre.
À propos de quelle dette publique parlez-vous M. Macron lorsque vous et vos amis de droite agitez le spectre de la dette dans le but de nous culpabiliser face aux futures générations ? Celle détenue par les banques qui spéculent sur les États ? D’ailleurs, nous vous saurions gré de nous dire qui détient cette dette et combien de fois nous l’avons remboursée.
Maintenant que nous avons posé rapidement les valeurs de la droite et de la gauche, envisageons le libéralisme.
Le libéralisme est une théorie qui met en avant la liberté individuelle comme principe constructeur de la société. Jusque-là rien n’autorise à placer le libéralisme à gauche ou à droite. Donc rien ni personne ne peut et ne doit entraver cette liberté individuelle, pas même l’État.
La grande différence entre la gauche et la droite M. Macron repose sur le fait qu’à gauche on n’exclut pas l’intervention de l’État quand une extrême minorité s’est octroyée tellement de liberté qu’elle en a spolié la majorité.
Et puis M. Macron, l’extension de la liberté individuelle à la liberté économique est une extension sémantique qui fait la différence entre le libéralisme de gauche et celui de droite, celui auquel vous adhérez.
Alors oui, bien entendu M. Macron, le libéralisme est une valeur de gauche, mais certainement pas la définition du libéralisme auquel vous adhérez et que vous envisagez de mettre en place dans votre politique de droite. Oui M. Macron vous êtes de droite et pas ni de droite ni de gauche.
Le problème avec M. Macron, c’est son ambiguïté, sa duplicité, sa confusion consentie.
Vous espérez nous faire croire qu’un lapin est une tomate M. Macron ?
Jack Kerouac dans « Sur la route » écrit : « J’ai du goût pour trop de choses que je mélange, m’attardant à courir d’une étoile filante à une autre jusqu’à temps que je me casse la figure. Voilà ce que c’est que de vivre dans la nuit, voilà ce que ça fait de vous. Je n’avais rien à n’offrir à personne que ma propre confusion. ».
Voilà M. Macron, Jack Kerouac avait du talent, de l’authenticité, une objectivité ; tout ce qui vous fait défaut. Vous courez sous les feux de la rampe des forces obscures qui vous ont mis en place, votre goût immodéré de vous-même vous pousse à la plus grande confusion. Nous savons que vous n’avez rien à nous offrir. Vous êtes investi d’un pouvoir bien mal acquis, sans noblesse, sans raison profonde, par défaut dans une époque trouble où les valeurs se mélangent.
Et nous ajoutons que nous allons nous passer de votre propre confusion parce que les lumières factices qui vous fascinent portent les ombres de l’injustice, de la misère et de l’inégalité. Nous avons la faiblesse de croire, M. Macron, que les femmes et les hommes naissent libres et égaux en droits et qu’à ce titre nous sommes des libéraux en effet mais nous ne sommes pas de votre libéralisme.
12/03/18