Perle macronesque 3

Réformes : Macron ne veut rien céder « aux fainéants, aux cyniques et aux extrêmes. »

 

« fainéants », « extrêmes », « cyniques » … Le ton est donné. Le suzerain est mécontent de ses sujets. Son royaume serait irréformable ? Mais M. Macron ce n’est pas parce que vous invoquez la « réforme » que cela doit être suivi de l’assentiment des citoyens. Le vocable « réforme » n’a rien de performatif et ne porte pas sémantiquement la notion de « bien ». L’histoire est chargée de « réformes » indignes et iniques.

Qui êtes-vous M. Macron pour juger « fainéants » des femmes et des hommes qui souffrent au quotidien ? Qui sont d’ailleurs ces « fainéants » que vous apostrophez sans les désigner ? Sont-ce celles et ceux qui refusent de travailler plus et dans une plus grande précarité pour gagner moins ? Sont-ce celles et ceux qui ne donnent pas crédit à vos fantasmes libéraux et à votre propre allégeance aux détenteurs du capital qui vous ont mis en place ? D’où venez-vous M. Macron pour vous adresser ainsi au peuple ? Le peuple possède une dimension sacrée, une puissance qui fait et défait le pouvoir administratif dont vous n’êtes que le locataire bien mal élu par un système à bout de souffle. Il ne suffit pas de se draper dans un intellectualisme de pacotille pour impressionner le peuple M. Macron et les adjectifs tels que « schumpétérien » ne vous rendront pas plus crédibles aux yeux des « fainéants ».

Votre pensée prétendument « complexe » selon vos afficionados n’impressionne pas le peuple qui se range toujours du côté d’une explication rationnelle et bien construite, dans un énoncé clair. Celles et ceux qui vous disent leur opposition seraient selon vous des « extrêmes ». De quel extrême parlez-vous ? Sans doute de celles et ceux qui par leur travail construisent au quotidien leur vie, assurent l’existence de leurs enfants et vous assurent l’exercice d’un pouvoir que vous semblez juger « naturel ». Le peuple n’est pas né dans une trajectoire de pouvoir individuel mais dans une destinée de travail, de devoirs et de responsabilités. Les « extrêmes », M. Macron, sont des hommes et des femmes qui savent mesurer ce que représente 5 €. Les « extrêmes » M. Macron comprennent parfaitement que demain le fruit de leur travail contribuera encore plus à l’enrichissement du capital. Les « extrêmes » ne sont pas dupes de vos déclarations prétendument novatrices mais éculées depuis des décennies. Les « extrêmes » sont la représentation d’une opposition que vous devrez respecter malgré votre arrogance.

Vous affublez vos opposants de « cyniques », nous oserions : quel cynisme ! Vous avez trahi vos mentors, vous vous êtes commis dans des affaires peu reluisantes avec M. Peter Brabeck, vous êtes un parvenu digne d’un Rastignac et vous osez « cyniques ». Vous pensez que : « plus c’est gros mieux ça passe », mais non M. Macron, les « fainéants » des « extrêmes » ne sont pas dupes de vos artifices de langage. Vous vous drapez dans des déguisements de philosophe de cour d’école primaire qui n’impressionnent pas le peuple qui, lui, reste l’héritier collectif d’une histoire qu’il a façonnée et qui demeure dépositaire du pouvoir dont vous avez été momentanément investi. Vos arguties pédantesques ne troubleront pas les « fainéants cyniques des extrêmes ».

Vos discours ratiocinant sur la nécessaire adaptation à un monde moderne sont d’une platitude absolue. De quel droit et en vertu de quels arguments pouvez-vous juger ce qui est « moderne » et ce qui est « du passé » ? Philosophie pour philosophie M. Macron, nous vous disons qu’être bien adaptés à un monde malade n’est pas un signe de bonne santé mentale. Hugo dit que « ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent ». Ceux que vous jugez « fainéants, extrêmes, cyniques » vivront et lutteront contre le monde mortifère que vous incarnez et dont vous protégez les intérêts iniques.

C’est curieux d’ailleurs on ne vous entend guère, M. Macron, vous exprimer sur les entreprises du CAC 40 qui ont engrangé 52 milliards de profit les six premiers mois de cette année. Du jamais vu. Vous avez dans le même temps l’outrecuidance d’affirmer qu’il est impératif de réduire les impôts et les cotisations patronales. Vous réduisez de 5 € les APL.

Vous ne vous prononcez pas sur la fortune des Bettencourt, Arnault et consorts. Pour information Mme Bettencourt gagnait 861€ par minute. Le temps d’un petit popo et voilà un SMIC !

Il est étrange qu’on ne vous entende pas gloser avec votre philosophie de comptoir sur le fait que 8 personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale et que selon le rapport d’Oxfam, 21 milliardaires en France possèdent autant que les 40 % les plus pauvres.

Vous êtes un valet au service d’un pouvoir qui n’est pas celui de la justice, alors M. Macron continuez à le servir avec l’allégeance nécessaire qu’il vous réclame et commencez par nous épargner vos débordements linguistiques. Souffrez que les « fainéants cyniques extrémistes » ne voient dans vos réformes que l’accentuation d’une injustice à créer de la misère et contre lesquelles ils lutteront pour de vraies améliorations.