Perle macronesque 17

« La gauche classique est une étoile morte. L’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est. » (E. Macron)

 

Macron ou « le prophète du passé », « le philosophe du trimestriel de Mickey Parade » nous abreuve d’une litanie incessante de diarrhées intellectuelles qu’il voudrait pensées immortelles et indubitables. Alors certes tous les grands personnages de l’histoire ont laissé leur lot de phrases éternelles, mais aussi leurs déclarations d’une stupidité abyssale. Avec M. Macron, on ne se demande plus quand il va s’exprimer pour l’éternité, on s’interroge s’il ne va pas falloir creuser les fonds abyssaux de la sottise pour y loger ses pensées.

Le bon sens populaire invoque les « bons à rien », M. Macron semble réussir l’exploit d’être « mauvais à tout ». Le pire dans cette sinistre affaire est de constater que le cuistre ne doute de rien. Remarquez M. Macron que, si vous doutiez, vous seriez peut-être enclin à savoir, mais votre attitude d’une arrogance infinie vous oblige à ignorer cette hypothèse salutaire du doute pour vous accommoder de la croyance. Vous croyez ce que vous dites sans jamais douter et le plus souvent vous tombez dans un ridicule qui affligerait toute personne normalement constituée, mais qui ne fait que renforcer votre ego ampoulé.

Revenons-en aux faits M. Macron si vous le voulez bien. « La gauche classique » ?

Qu’est-ce que cette dénomination peut bien vouloir signifier dans le cerveau embrumé du suzerain ? La gauche de M. Hollande et de M. Valls à laquelle M. Macron a ardemment contribué ? La gauche de M. Rocard dont il vante son ancrage en politique, comme son premier ministre d’ailleurs ? La gauche « ni de gauche » dont il se réclame sans s‘en réclamer puisque « de gauche » sans être « de droite » parce que « et de droite » ? Comprenne qui pourra.

Certainement pas la gauche qui repose sur la raison et l’analyse de l’histoire, la gauche qui a constitué, ne vous en déplaise M. Macron, notre modèle social, la gauche des gens qui créent la richesse de ce pays et sa culture. Quand on vous parle de culture M. Macron, on vous parle de l’âme profonde de notre peuple et non pas de cette confiture moisie que vous étalez avec un ridicule consommé. On vous parle M. Macron du socle solide de ce que nous ont laissé Jean Jaurès, le CNR et tous les artisans de notre protection que le monde entier nous envie. On invoque M. Macron, que cela vous heurte ou non, les penseurs modernes qui nous ont livré notre socle idéologique sans cesse en mouvements, Marx, Engels, Foucault, Derrida et bien d’autres. Vos références « schumpétériennes », d’un grotesque indicible et si mal employées, sont, que vous le vouliez ou non, rattachées à ces fondements. Ce que vous ne disiez pas M. Macron lorsque vous invoquiez Schumpeter, c’est que le concept de « destruction créatrice » qu’il élabora est tiré en grande partie des œuvres de Marx. Encore une fois M. Macron, votre arrogance ne peut pas cacher vos confusions et votre ignorance. Vous partagez avec vos semblables, à l’instar de M. Sarkozy, les propos performatifs. Votre crâne assurance trouble les gens qui, comme vous, sombrent dans la croyance. La gauche à laquelle vous semblez faire référence M. Macron, sait. Elle sait parce qu’elle est instruite de l’Histoire et qu’elle ne fait pas la confusion entre histoire et fables que vous nous servez.

Cette gauche M. Macron serait donc « une étoile morte ». Mais de quel droit M. Macron pouvez-vous vous substituer avec votre « philosophie pour les nuls » aux aspirations du peuple et au sens de l’Histoire ? Vos propos performatifs dépourvus de doutes vous mènent à cette caricature grotesque. Nous sommes des millions M. Macron à lutter pour ces idées de « gauche », et certains, nous sommes encore dans l’obligation de vous le rappeler tant vous semblez l’oublier, ont voté pour vous au second tour de ces élections truquées. Ils ont voté pour le choléra pour éviter la peste brune. Vous seriez bien inspiré d’enraciner cette évidence dans votre cerveau pétri de vous-même, cela vous éviterait les débordements fâcheux auxquels vous cédez par complaisance pour vous-même.

Mais revenons à la suite de votre affirmation.

« (…) L’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est. ».

Voilà un fait bien établi et sur lequel nous sommes en parfait accord M. Macron. En effet, nos convictions ne nous permettent pas de penser le réel tel qu’il est. Si vous aviez pensé cette assertion, ne serait-ce que trente secondes, vous vous seriez rendu compte que vous nous serviez notre réponse.

Nous ne pouvons pas en effet penser le réel tel que vous le livrez. On ne s’appesantira pas sur le concept de réel et on s’en tiendra à la définition d’usage partagée par le plus grand nombre. Mais vous prendrez acte, M. Macron, que conceptuellement, le « réel » « est », il n’est pas « tel », c’est ce qui en fait son essence. Encore une fois ces erreurs à répétitions sont épuisantes.

Votre réel M. Macron, c’est celui des inégalités croissantes. Les chiffres M. Macron sont là et têtus de surcroît. Faut-il encore vous rappeler que 9 familles en France vivent de l’intérêt que rapporte l’intérêt de leur capital. Faut-il vous rappeler, M. Macron, que la politique que vous défendez avec tant d’acharnement a créé l’inexplicable et l’inexcusable : des travailleurs pauvres. On vous a parfois injustement accusé de défendre une politique digne des maîtres de forges du XIXème siècle. Ce que vous défendez M. Macron, c’est le Moyen-Âge, une inégalité créée par la concentration des richesses et du capital statique qui ne profite qu’à une minorité. Le réel que vous invoquez M. Macron, c’est l’inégalité à la naissance des enfants à accéder à leurs rêves, parce que dans votre monde M. Macron, on vit entre soi. Il y a moins d’enfants issus des classes populaires et moyennes dans les études supérieures que dans les années 1970 où Bourdieu écrivait son livre fondateur « Les héritiers ».

Vous êtes un héritier M. Macron et nous comprenons bien que le pouvoir occulte des financiers, des banques et de la classe qui vous ont mis en place défendent un réel qui n’est pas le nôtre. Votre réel mortifère ne saurait pas être validé par notre socle idéologique, vous avez raison sur ce point M. Macron. En effet le réel sur lequel vous bâtissez vos contes à deux deniers ne saurait expliquer le monde.

L’histoire rendra compte de ce que vous êtes, un affabulateur.

Permettez-nous, M. Macron, de vous éclairer sur le 3ème  aphorisme de Wittgenstein dans le « tractatus logico philosophicus » : « le tableau logique des faits constitue la pensée ». On sait votre difficulté à vous accorder à l’analyse des faits sans les travestir outrageusement, on sait votre propension pernicieuse à nier la logique, on sait donc à quel point votre pensée n’en a que l’ombre et le souffle fatigué.