Perle macronesque 13

« Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord. » (E. Macron)

 

Macron reste une source d’inspiration permanente. On ne se lasse pas de ses déclarations décomplexées proférées avec l’assurance de celui qui semble détenir une vérité aussi subite qu’immuable.

Macron est souvent dans le propos performatif. La gloire du suzerain ainsi que « sa pensée complexe » doivent être livrées dans une syntaxe sibylline pour être comprises par le peuple : sujet, verbe, complément. « Vous êtes des fainéants, cyniques et extrémistes ».

Cette fois-ci, M. Macron subordonne sa volonté à une condition.

« SI les syndicats majoritaires sont d’accord, ALORS les salariés doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus » (reformulation syntaxiquement logique : condition, assertion).

Les syndicats majoritaires ? La CFDT qui depuis des décennies trahit les salariés ?

L’UNSA syndicat mis en place dans les entreprises par les directions comme sous-marin ?

F.O ou O.F dépendant d’où vient le vent ? Avec la bénédiction de la CFTC ?

Alors, il reste la CGT, organisation composée de « … fainéants cyniques extrémistes fouteurs de bordel… »

Sarkozy avait osé le « travailler plus pour gagner plus ».

Sarkozy était de droite et revendiquait clairement de l’être. M. Macron n’est ni de droite ni de gauche mais de droite et de gauche, donc plus à droite que la droite de M. Sarkozy qui n’avait même pas osé l’exercice du « plus pour pas plus ».

Un jour M. Macron, lorsque vos pensées complexes vous laisseront le loisir d’une réflexion basique, vous seriez assez aimable de nous expliquer cette petite énigme qui flirte dangereusement avec le tiers exclu : ni de droite ni de gauche mais et de droite et de gauche. Nous, benoîtement, nous constatons que vous êtes bien de droite.

Donc pour M. Macron les salariés doivent travailler plus et être payés moins, car c’est quand même de cela qu’il s’agit.

Outre ses difficultés récurrentes à exprimer clairement ce qui se conçoit bien, M. Macron vient d’inventer une nouvelle arithmétique aux fondements pour le moins contestables.

Les artifices langagiers auxquels vous vous livrez ordinairement ne cacheront pas une réalité évidente.

       1- Un salarié travaille x heures pour recevoir n euros.

       2- SI les syndicats majoritaires sont d’accord

a. Alors {Un salarié travaille x + y heures pour recevoir n euros}

 

En toute logique M. Macron aurait dû nous livrer l’assertion manquante conditionnée par la condition complémentaire : SINON. Sinon quoi d’ailleurs ? Sinon le suzerain sera gourmandé par le MEDEF qui lui a fixé cet objectif durant son quinquennat ? Sinon M. Macron ne fera pas mieux que M. Sarkozy et M. Hollande réunis ? Sinon Jupiter sera fâché ?

Revenons sur l’équation de M. Macron un salarié fournissant un travail pendant plus d’heures gagnera autant, donc : il sera payé moins.

Macron vous considérez bien mal l’intelligence des salariés et ce ne sont pas vos artifices de langage de cours de récréation de l’ENA qui vont nous tromper. Il va falloir mettre un peu plus de rigueur dans vos déclarations. Nous aurions tendance à vous suggérer de commencer par respecter l’intelligence des salarié-e-s, cela vous aidera à affiner votre réflexion.

Nous avons la faiblesse de croire qu’il n’est pas utile de vous préciser plus avant que les « fainéants, extrémistes, cyniques et fouteurs de bordel » non seulement ne sont pas dupes de vos intentions mais qu’ils vous le manifesteront assez rudement si vous osez aller plus avant dans vos desseins délétères.

Macron ne brille pas par la pertinence de ses pensées philosophiques aussi hasardeuses que ridicules, mais en plus il affiche une méconnaissance de mathématiques élémentaires à faire rougir un élève de CE2. M. Macron il ne serait pas inutile que vous demandiez à M. Villani, qui siège dans votre cloaque parlementaire, de vous donner quelques cours particuliers avant d’énoncer des énormités pareilles.

Finalement, M. Macron, le moment où vous êtes le plus pertinent c’est quand vous vous taisez. Faites-nous grâce de votre silence.