Le citoyen atomisé et les experts

Le citoyen atomisé et les experts

 

« Quelle légitimité y a-t-il démocratiquement à prendre certaines décisions quand la plupart des membres qui décident et réfléchissent font partie des multinationales et du monde de la finance » (A. Penasse)

Quel que soit le sujet, il est désormais acté que le gouvernement fera appel à des « experts » pour prendre une décision.

On assiste aujourd’hui au développement de nouvelles professions très lucratives tels que « influenceur » ou « lobbyiste ». Afin de s’accorder sur leur fonction, il est utile de donner la définition de leur profession : « Le/la lobbyiste défend des intérêts économiques, une cause, une opinion ou un groupe de personnes et influe sur les personnes qui détiennent le pourvoir. Influenceur et discret, il navigue le plus souvent auprès des élus pour orienter les lois dans l’intérêt de ses clients. »

Quelle différence y a-t-il aujourd’hui entre un expert et un lobbyiste ? Aucune, tous les deux sont liés par des intérêts économiques et financiers à des multinationales qui régissent le désordre de ce monde. Par ailleurs il est assez singulier qu’un gouvernement porté à la gestion du bien commun par des voies prétendument démocratiques remette ses décisions entre les mains de ces diafoirus.

Il en va ainsi de la crise du Covid19 qui nous fait désormais dire que cette crise avant d’être de santé publique est de nature politique et pareillement pour le déploiement de la 5G.

On notera au passage les propos de Macron philosophe à la pensée verticale complexe sur la 5G qui affirme « ne pas croire au modèle amish ». Avec de tels propos, il clôt le débat et disqualifie par ces arguments performatifs ceux des opposants à la 5G, en bref une forme de point Godwin d’un débat technologique et sociétal. Si sa pensée selon ses thuriféraires est verticale et complexe on est désormais habitués à ses pensées courtes et d’une sottise vertigineuse.

Nous soumettons à votre sagacité l’inconsistance des chiffres énoncés à travers cette question, comment se fait-il qu’en Suède où le port du masque n’est pas obligatoire et les gestes dits « barrières » n’empêchant pas les réunions publiques, les cas de contaminations soient inférieurs à ceux de la France ?(1)

Par ailleurs quelle est la signification des chiffres que l’éditocratie complice nous inflige à longueur d’émissions ? Une donnée sur les grands nombres ne se passe pas d’une analyse statistique. Ainsi, pourquoi nous inflige-t-on une moyenne sans faire référence à la médiane, encore moins à la variance et l’écart-type ? Il n’y a aucune difficulté pour quiconque à comprendre la nature de ces informations nécessaires à une bonne interprétation des données. Pourquoi n’est-il jamais fait référence au nombre de tests effectués, leur influence sur le nombre de cas détectés et l’expansion de l’épidémie alors que ces tests ne se pratiquent que depuis la fin du confinement ? Nous ne sommes pas virologues ni épidémiologistes, mais à voir leurs incertitudes et leurs empoignades médiatiques allant jusqu’à porter plainte contre l’un d’eux, on se dit que nous sommes légitimement en capacité, nous le peuple, de prendre des décisions qui ne seront sûrement pas plus contestables que celles prises par ces « savants » dignes d’une comédie de Molière.

La plupart de leurs articles prétendument scientifiques sont vérolés par leurs intérêts auprès de leurs employeurs ou de leurs bailleurs de fonds pour pressentir leur conclusion. La rigueur scientifique n’est plus qu’une vague référence dans laquelle la plupart de ces menteurs patentés se drapent pour endormir l’imbécile qui leur donne encore du crédit. Il y a d’ailleurs tellement de médecins sur les plateaux télévisuels que quand vous composez le numéro des urgences vous tombez sur le standard de BFM TV, ou de C8.

Ces « experts » de salon sont les révélateurs de la corruption complète du corps politique à l’origine de la crise du capitalisme financier, qui porte en son sein les germes de sa déliquescence.
Les appétits du capitalisme financier rognent les fonctions régaliennes de l’état, santé, transports, éducation, énergie, rien ne leur échappe plus. Macron grand thuriféraire de cette politique néolibérale ouvre grandes les portes de nos biens communs à ces ogres assoiffés de nouveaux marchés, de nouvelles rentes, de nouvelles compétitions, de nouvelles hégémonies. La sacrosainte croissance destinée à augmenter sans cesse le capital ne se passera d’aucune opportunité.

Nos gouvernements évoluent sûrement et sans un faux pas vers un totalitarisme où la sphère privée sera contrôlée comme la sphère publique sans aucune distinction avec le secours des technologies numériques. Ainsi que l’ont fait saillir plusieurs philosophes, le passage au totalitarisme numérique peut se comprendre comme le passage des sociétés disciplinaires (Foucault 1976) aux sociétés du contrôle (Deleuze 1990) organisées autour des technologies numériques.

Les lieux concentrationnaires des années pré-numériques comme l’école, la famille, l’église, la caserne, l’usine, l’hôpital, l’asile, les prisons peuvent désormais être remplacés par des dispositifs plus souples de contrôle mental et physique servis par les technologies numériques. La 5G, objet de toutes les convoitises des néo capitalistes permettra un contrôle renforcé de l’individu en administrant sa vie, il télé travaillera, fera ses achats en ligne, ses enfants suivront un cyber enseignement, et il sera télé soigné et télé surveillé, le numéraire en voie de disparition laisse progressivement la place au cyber paiement faisant les beaux jours des marketeurs qui définiront bientôt les besoins de chacun en analysant sa consommation.

L’homo numericus est aujourd’hui atomisé au sens d’insécabilité. La prise de contrôle psychologique et physique de cet atome numérique vivant autorisera à l’infini les configurations sociales en les rendant conformes et utiles aux totalitarismes planétaires. On assiste à bas bruit à la naissance d’une algorithmique sociale dont la grammaire de la technologie numérique incontrôlée par nos intelligences assignera chaque individu à un futur programmé. Cette tendance lourde est accentuée par les délires hygiénistes.

Ces évolutions discrètes sont masquées par toutes sortes de leurres qui laissent les citoyens croire à des solutions illusoires. Ainsi la science de l’écologie, sérieuse et rigoureuse passant sous la bannière politique devient une gigantesque farce destinée à diriger les relents de rebellions vers une poubelle verte tout juste bonne à recycler un alter capitalisme keynésien. Les écologistes sont des bouffons qui se trompent de combat sciemment ou par ignorance des causes de la situation d’effondrement qui se profile. Le vrai combat écologique est un combat contre le travail et le capitalisme financier, mais qui imagine un Yannick Jadot faire le procès du travail ou du capital fictif ? Les écologistes ont plongé dans le néant plutôt que de barboter dans la médiocrité, que doit-on regretter ?

N’oublions pas que les vérités qu’on aime le moins à apprendre sont celles que l’on a le plus d’intérêt à savoir, et ce n’est pas en se fiant aux déclarations des experts médiatiques que l’on accédera à ces vérités.

En ce qui concerne la 5G on aime à rappeler que « La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque. » (A. Einstein).

(1) La Suède est-elle en passe de gagner sa bataille contre le Covid-19 ?

22.09.20