L’anniversaire de la désolation

 

Une année déjà, une bien longue année de désenchantement dans un climat déjà amplement perturbé par un gouvernement socialiste libéral de droite.

Une année de pouvoir macronesque qui nous a moulu le pays à l’image d’une entreprise, « la start-up France ».

2 volets sont à examiner, d’une part le bilan de la politique de Macron et d’autre part la personnalité de Macron. On pourrait, on devrait se passer du second volet dans une démocratie constituée, mais ce Jupiter auto-proclamé nous oblige à examiner les dérives dangereuses de sa personnalité égotique boursoufflée.

Examinons donc le premier volet.

L’homme à la pensée complexe a, durant ces 12 derniers mois :

  • Baissé le taux d’impôts sur les sociétés de 33 à 25%
  • Dédoublé les classes de CP en REP+ (Réseau d’Education Prioritaire renforcée)
    Avec, dans de nombreux cas, l’impossibilité de rendre cette mesure opérationnelle faute de places mais aussi d’un réel manque d’enseignants pour assurer ce dispositif. Estimable idée, mal conçue, sans véritables moyens : un pur effet d’annonce.
  • Mis fin à l’état d’urgence
    Qui est entré dans le droit commun par la loi anti-terroriste pour 4 mesures : les assignations à domicile, les perquisitions administratives, les zones de sécurité et la fermeture des lieux de culte.
  • Réformé l’enseignement supérieur et de son accès
    Avec les conséquences que l’on voit aujourd’hui. Un numerus clausus qui n’en porte le nom et qui entraînera encore des différences brutales entre jeunes gens issus d’un milieu favorisé ou non.
  • Réformé le Code du travail avec le plafonnement des indemnités prud’homales
    Sans doute le coup le plus dur porté au droit des salariés depuis des décennies.
  • Supprimé l’ISF remplacé astucieusement par l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) et de la « flat tax » sur le revenu du capital.
    Après l’augmentation de la CSG sur les retraites et la diminution des APL cette mesure « en même temps » illustre parfaitement la politique de Macron.

Ce sont quelques réformes que le philosophe de 4 sous avait annoncées et qu’il a tenues. Quasiment toutes sont sujettes à contestation par « les gueux, les fainéants, les illettrés, et les gens qui ne sont rien », qui ont pour certains voté pour lui afin d’éviter la peste brune. Ils ont préféré le choléra Macron.

Le tout s’est déroulé dans la joie et la bonne humeur d’une bande de marcheurs facétieux qui ont voté ces lois sans discuter, le doigt sur la couture avec quelques saillies d’une drôlerie désopilante. Ainsi cette députée LREM qui confesse devoir manger désormais des pâtes avec un salaire de misère à 8000 € par mois, ou cette autre députée qui ne sait plus argumenter en quoi la réforme du droit du travail est si favorable aux salariés et ne parvient à masquer son embarras.

Macron « en même temps » lance d’autres chantiers :

  • Imposer aux établissements supérieurs la création de formations professionnelles 1 mois avant la fin d’année scolaire, pour la rentrée suivante               
    > Sans aucun souci des besoins en termes professionnels derrière. Certes, le quinquennat précédent est responsable de la non-prise en compte du dernier baby-boom entraînant l’augmentation de demandes d’entrée en supérieur aux rentrées universitaires 2017, 2018 et 2019. Mais qu’a opéré le gouvernement actuel pour y pallier ? Rien. Alors en ce mois de juin 2018, selon le nombre de bacheliers sans aucune réponse positive d’orientation, des formations de remplissage (ou « formations poubelle ») vont être créées illico presto, sans être en rapport avec les embauches possibles, le marché de l’emploi. Des formations qualifiantes de 1 à 2 ans. Afin de ne pas être critiqué à cause d’un nombre impressionnant d’étudiants laissés sur le carreau, M. Macron préfère attribuer de l’argent pour former de futurs chômeurs. Diplômés. A priori, selon le budget envisagé avant connaissance des résultats à combler, 33 formations devront être improvisées. 
  • Introduction d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée Nationale
    > On ignore les modalités de la dite dose, mais on sait qu’il est assez facile de tomber dans des travers manipulatoires. Quand Mitterrand avait introduit une dose de proportionnelle on a vu arriver des députés frontistes à l’Assemblée Nationale, ce qui a permis au PS, en fâcheuse posture à l’époque, de faire un chantage au vote utile. Qui aujourd’hui peut douter de la rouerie de Macron et ses marcheurs morts ? Gageons qu’ils ne se priveront pas d’user du subterfuge.  
  • Porter le budget défense à 2% du PIB.
    > Joyeuse et belle initiative : « Si vis pacem para bellum » (« Si vous voulez la paix préparez la guerre ») ? Nous, on préfère une politique étrangère digne de ce nom, plutôt que des forfanteries ridicules avec le débile de Washington. Macron, enfant chétif de la politique et de la philosophie, a voulu jouer avec ses nouveaux jouets en allant bombarder la Syrie avec ses amis américains et anglais, nous mettant de facto dans une situation plus que douteuse au sein de l’UE. Il a d’ailleurs pris quelques volées de bois vert à Bruxelles de la part de député-es qui ne se sont pas privé-es de lui dire quelques vérités sur ses initiatives aussi fantasques que mortifères. Mais que voulez-vous Jupiter mourait d’envie de tester sa foudre. Nous ne pêcherons pas comme le fat de Élysée en citant à tout va, mais nous souhaitons lui rappeler que « (…), le vice le plus désespérant [est] celui de l’ignorance qui croit tout savoir et qui s’autorise alors à tuer. » (Camus).
  • Rembourser à 100% les lunettes, les prothèses dentaires et auditives
    > Afflelou aurait-il participé au financement de la campagne présidentielle de Macron ?

Et parmi les grandes réussites, les projets non annoncés, citons :

  • La réforme de la SNCF
    > Cette initiative hors sujet a consolidé la colère populaire et lancé des mouvements de grève qui consolident l’exaspération légitime d’une population mise à bout par autant de violences, de mensonges et de réformes iniques.
  • La loi « asile-immigration »
    > Macron et son sénile ministre de l’intérieur auront même réussi à créer le doute chez les marcheurs habituellement si serviles. Les termes de cette loi d’une épouvantable injustice sont une honte pour la France de 1789 et rappellent malheureusement 1940.
  • L’accord CETA
    > A l’opposé de la volonté des Français, Macron et sa tribu de marcheurs imposent à la France le CETA, et ce avant même sa ratification (à savoir depuis le 21 septembre 2017). Ce traité de libre-échange rendra caduque notre souveraineté, va très sérieusement menacer notre agriculture et altérer notre santé.

Il reste ceci à accomplir de ses engagements :

  • La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim
    > Compte-tenu des convictions écologiques du Jupiter à la pensée complexe, du produit marketing en la personne de Hulot dont il s’est entouré pour légitimer son peu de certitudes, on est en droit de douter de sa volonté farouche à prendre les mesures ad hoc pour fermer cette poubelle nucléaire. Mais là n’est pas le seul problème. La vision écologique du locataire élyséen en terme de transition énergétique a sûrement été transcrite en braille, tant elle est le fruit d’un aveugle à ces défis. Ajoutons qu’en guise de réduction de la création nucléaire française, il ne sert à rien de fixer un calendrier puisqu’il suffit de l’annonce d’une impossibilité (de volonté) pour reculer la date initialement fixée de 5 voire 10 ans.
  • Que dire de la lutte contre les perturbateurs endocriniens ?
    > Macron s’y est engagé, mais son amie allemande verrait sûrement d’un assez mauvais œil qu’il trouble les intérêts de Monsanto désormais Bayer. Ses soucis de santé publique se résument à la pensée foudroyante de sa ministre, Buzyn qui aura commis ce coup de génie de rendre obligatoires 11 vaccins, rien de moins. A. Buzyn a été rémunérée par 3 laboratoires pharmaceutiques privés, mais évidemment, il n’y a aucun conflit d’intérêt. Son mari est directeur de l’INSERM, mais gageons que leur vie privée n’est jamais sujette à de quelconques dérives de collusions.
  • Réformer le régime des retraites
    > « 1 euro cotisé, 1 euro capitalisé ». La volonté égalitaire de ces hommes et ces femmes politiques qui ont pensé le régime de retraite par répartition se trouve bafouée sans vergogne. Il est bien entendu que la nouvelle génération des travailleurs pauvres auront à cœur de cotiser significativement à leur retraite plutôt que d’investir dans leur yacht de luxe, leurs vacances aux Fidji et leur apéro dominical au caviar. C’est cela l’égalité selon Macron : aider les pauvres à gérer leur richesse.
  • Rétablissement des heures supplémentaires défiscalisées
    > Travailler plus pour gagner plus. On connaissait les paroles de Sarkozy le voyou, Macron nous en fera une autre chanson.
  • Service militaire obligatoire et universel
    > Il est assez clair que la politique extérieure de Macron aura besoin de chair à canon. Le complexe militaro-industriel nécessite quelques sacrifices humains bien formés.
  • La suppression de 120 000 postes de fonctionnaires
    > Beaucoup selon Macron sont des fainéants, jaloux, cyniques, ingérables et contre-productifs. Alors encore une fois, gageons qu’avec une pensée dominante architecturée par les intellectuels de BFMTV, Macron aura toute légitimité pour se lancer dans cette coupe-sombre délétère.
    > Et malgré la promesse de l’élu d’aucune coupe budgétaire dans ce cadre, le ministère de la Santé a confirmé la réduction de 1,2 milliard d’€ sur la masse salariale des hôpitaux ces quatre prochaines années, dont 960 millions d’€ dès 2018. Précisons la modique somme de 600 millions d’€ qui sera économisée sur le remboursement des dépenses santé des citoyens.

Voilà en quelques lignes le bilan de la première année du Roi Macron et de son équipe de marcheurs ressemblant de manière pathétique aux « walking dead » de la série.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Tout a été dit. Il est toutefois bon de rappeler que Macron n’est que le fruit du refus de la peste brune, mal élu. Il aura bénéficié d’un soutien sans faille d’une très grande partie de la presse hexagonale qui l’a porté au pouvoir. C’est également sans compter sur le soutien indéfectible du patronat et de la finance internationale. On tente de nous faire croire que le président philosophe sait ce que parler veut dire, et ce serait son passé de philosophe qui lui conférerait cette disposition. Tout ceci n’est que fable. Macron n’est qu’un philosophe de comptoir autoproclamé. Il a laissé planer le doute sur son CV, comme assistant de Paul Ricoeur. Qu’a-t-il produit comme travaux ? Vide.

Macron prétend avoir fait une thèse avec Balibar. Le problème ? Aucune trace de cette thèse et Balibar lui-même ne s’en souvient pas. Il laisse planer le doute sur un passé de normalien. Il n’en est rien, il aura échoué par 2 fois au concours d’entrée. Son argumentation approximative, sa méconnaissance crasse de la logique du discours, son incapacité à construire un argumentaire structuré autrement que par des propos performatifs accréditent son statut de cuistre. Ses figures de réthorique « … en même temps … » ou « … toute chose égale par ailleurs … » utilisées de manière erratique rendent ses propos clairement pour ce qu’ils sont : inconsistants.

On pensait avoir touché le fond de la vulgarité et de la médiocrité avec Sarkozy, Macron creuse. Certes tous ces dysfonctionnements mentaux et comportementaux sont gênants et irritants, mais cela n’est pas encore le pire. Macron pourrait n’être que l’incarnation d’un cuistre parvenu, qu’un petit paltoquet post-moderne sans envergure, qu’un héros balzacien promis à une chute inévitable. La réalité est beaucoup plus inquiétante. Macron est un violent. Macron est dangereux. Il ne faut surtout pas oublier que le véritable pouvoir est celui des intérêts qu’il protège dont le dessein est la mise en coupe de notre modèle social qui aura pour effet de créer une société à 2 vitesses, les riches (très riches) et les pauvres (très pauvres). Il faut également s’inquiéter du peu de réactions de nos concitoyens anesthésiés par la doxa créée par une communication digne des pires heures de notre histoire.

Un an, un an déjà de réformes destinées à anéantir les mesures d’égalité de notre modèle social. Une année sous les auspices d’un discours pernicieux « libérer et protéger en même temps ». Lecteur, lectrice de passage, souvenez-vous que cet oxymore sous un aspect anodin sera la perte d’un modèle social que les gouvernements successifs depuis 20 ans tendent à vouloir anéantir. Ce que Macron veut c’est libérer, nous dirons déchaîner les forces ultra-libérales et protéger leurs actions, mais en aucun cas libérer les forces productrices et protéger les « gens qui ne sont rien, les fainéants, les cyniques ».

Car un an de mandat a suffi pour que le personnage Macron se révèle tout entier : un leurre, parfait miroir d’une immense imposture. Aucun doute n’est possible : il s’était annoncé « en même temps » de droite et de gauche (ou l’inverse ?), il est mesures politiques qu’une droite dure aurait rêvé de mener. Lui qui, encore aujourd’hui, annonce vouloir réduire les inégalités, a prestement porté atteinte aux droits sociaux et protections des travailleurs. Tandis qu’aucun média ne le souligne, depuis décembre 2017 la quantité de fins de contrat a augmenté de pratiquement 4 %. Pourquoi taire le résultat concret d’une soi-disant amélioration du Code du travail : l’envolée de licenciements. Vous imaginez ‘scrupules’ ? Erreur : l’élu s’attaque par ailleurs directement aux chômeurs par deux mesures : les surveiller davantage mais aussi, en suivant les désirs de la Commission Européenne, diminuer les indemnités de l’assurance chômage.

Ne doutant cependant pas d’une politique porteuse d’emplois et autres améliorations générales, voilà que « Transformer les prestations sociales » est déjà prévu. Entendre diminutions, bien évidemment, telles que l’intégration du patrimoine des bénéficiaires dans le calcul de leur Allocation Personnalisée d’Autonomie, des règles différentes pour l’attribution des bourses scolaires, et certainement de l’allocation handicap. Mais n’envisageons pas déjà le bilan à 2 ans, il reste encore à dire au niveau de l’inventaire 1 an. Car celui qui a mis en exergue un « make the planet great again » privilégie les intérêts des multinationales plutôt que tout progrès environnemental, (vous pensez Total ? La liste n’est pas exhaustive).

Et enfin, lui qui était rapproché à un ‘renouveau’ applique des mesures du siècle dernier, semblant persuadé d’un résultat pourtant jamais vérifié. D’aucuns l’ont associé à une modernité ? Ont-ils eu vent d’une version améliorée, par la volonté de Macron, des droits humains, ou du contraire ? De l’avenir sain de notre alimentation, ou du contraire ? Est-il question de lutte actuelle à l’encontre de la pollution ? Non, uniquement d’augmentations des taxes sur le carburant et le gaz, déjà effectives.   

Tandis que des mouvements sociaux se manifestent contre la politique Macron, il répond par son inconsidération : « L’impact des mouvements n’existe pas ».

Face à des combats qui prennent forme à travers des modes tel celui de ZAD (Zone à défendre), Macron choisit de répondre avec une violence démesurée. Il refuse d’entendre les questionnements et remises en question plus que jamais d’actualité que soulèvent ces microcosmes qui perdurent dans le temps à travers des militants souvent écologistes, voire anticapitalistes : n’est-il pas temps de mieux localiser les emplois afin que les déplacements soient limités, l’accès aux transports en commun facilités ? Plutôt que de clamer les locomotions par énergie électrique comme monnaie courante dans 10 ans, est-il possible d’envisager dès maintenant le transfert efficient des déplacements routiers de marchandises par le rail ? Des sujets tels la destruction de la biodiversité et le dérèglement climatique ne devraient-ils provoquer des questionnements et remises en question de notre façon de fonctionner, tant vis à vis des activités productives que de notre manière de vivre l’emploi ? De réinventer notre quotidien, notre habitat, mais aussi la solidarité et le vivre ensemble ?

Devant ces problématiques qui ont lieu d’être soulevées, n’avons-nous pas très justement la sensation d’être aux prises avec un gouvernement suranné, rétrograde et dépassé ?

Un an déjà, mais dans la politique de Macron quels progrès correspondant au XXIème siècle, à ses enjeux et défis a-t-on vus ? Peut-on espérer que cette république de pacotille en marche montre enfin du bon sens dans la bonne direction ?