µ – φ = fascisme : Ceci est la formule du grand capital appliquée en France, le pays du Peuple qui a su prendre la Bastille, écrire la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et de la devise « Liberté Égalité Fraternité ».
Micron (µ – lettre grecque utilisé comme unité de mesure et qui vaut un millionième de mètre) a été élu avec le slogan « ni de gauche, ni de droite ». Nous avons vu le résultat de ses propos : aujourd’hui, lui et son gouvernement sont accusés par le Peuple d’être « ni de gauche, ni de gauche ». Un gars qui, le jour de son investiture, a défilé debout sur un char militarisé et qui dès son arrivée à l’Élysée a pulvérisé l’ISF –impôt sur la fortune–, cassé le Code du Travail, augmenté la CSG –contribution générale généralisée– et réduit les APL –aide personnalisée au logement–, même celles des étudiants. Sa feuille de route a été rédigée depuis longue date, dans les bureaux du MEDEF –l’organisation patronale française–, ce qui explique la célérité et la précision de son action politique.
La belle phrase vide de µ
Même sa célèbre phrase « Make our Planet great again », profitant de la formule nationaliste de Trump –« Make America great again »– ne veut plus rien dire, car la France a augmenté de 3,2% ses émissions de CO2 pendant sa première année de mandature. D’ailleurs, son mythique et indépendant ministre de l’Environnement –Nicolas Hulot– a démissionné en septembre en affirmant que l’environnement ne serait jamais une priorité de ce gouvernement. Et ce n’est pas le premier-ministre, Édouard Philippe, ancien maire de droite du Havre et ex-manager de l’ex-groupe d’énergie nucléaire « Areva », qui va nous proposer une sortie du nucléaire. C’est sûr. Nous vivons donc dans l’éventualité permanente d’un accident nucléaire du genre « Fukushima ». « Ah le bon vin de Bordeaux qui disparaîtrait ainsi ». Si ce n’était qu’une question de vignobles…
Une secte de la haute bourgeoisie financière et de marchands d’armes
Sa ministre du Travail, Mme Pot de chambre –c’est ce que son nom, Pénicaud, m’évoque en portugais (« penico » = pot de chambre),– a gagné 1,13 millions d’euros en plus-values de stock-options, après la mise en œuvre de son plan de licenciement chez « Danone », où elle était directrice des ressources humaines. Jean-Yves Le Drian –ministre de l’Europe et des Affaires étrangères– est le vrai représentant commercial des marchands d’armes français dans le monde. Encore une trouvaille de µ dans la diffusion des valeurs occidentales –pourquoi se priver de semer la guerre partout et de donner des bénéfices faramineux à l’industrie de l’armement, si tous les autres présidents de la Vème République l’ont fait avant lui ? La ministre de la Guerre –Mme Parly– a même affirmé que : « à ma connaissance, les équipements terrestres vendus à l’Arabie saoudite sont utilisés non pas à des fins offensives mais à des fins défensives, à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite ». Le même genre d’argument selon lequel, le nuage radioactif en provenance de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière franco-allemande en 1986. La grande majorité des ministres et des parlementaires « en marche » qui a porté son jupiter –comme µ s’est auto-proclamé– au pouvoir, provient des grandes entreprises et du MEDEF, alors qu’ils avaient fait croire aux citoyens qu’ils venaient de la « société civile ». « Quelle belle définition de société civile » !
Bâillonner, confondre et frustrer l’opposition populaire
Pour couronner son règne et sa sortie en char de combat, µ nous a offert, il y a un mois, une série de perquisitions chez quelques cadres de la France Insoumise, dont le logo est fi (φ) –la lettre grecque. Le « timing » de ces actions, au moment où µ est au plus bas dans les sondages d’opinion et à la veille de l’annonce d’une coalition Insoumise avec certains cadres Socialistes dissidents, nous amène à croire qu’il s’agit d’une action préméditée, ce qui correspond selon certains, à une persécution politique. µ essaye ainsi d’enlever de la formule, par l’action judiciaire et médiatique, l’opposition de gauche – φ ; comme en Amérique latine où presque tous les leaders charismatiques de gauche se font écarter par ce puissant binôme justice/médias aux ordres de l’impérialisme et du grand capital. On pense très fort à notre ami Lula da Silva, toujours en prison.
Il ne faut pas abandonner la rue aux fachos et aux ignares
Ces jours-ci, nous assistons à un blocage des routes françaises par le mouvement populaire de révolte « les gilets jaunes », qui a culminé samedi dernier, avec la mobilisation de plus de 280 mille personnes. Ils se disent exaspérés par la montée des prix des carburants et par le racket fiscal que µ leur impose –ils sont surtout des citoyens issus de la classe populaire et des classes moyennes. L’extrême-droite essaye de s’infiltrer dans le mouvement et de se l’approprier. Jean-Luc Mélenchon a déjà affirmé qu’il faut se solidariser avec le mouvement. En effet, il estime qu’il ne faut pas abandonner la rue et la légitime colère populaire aux forces fascisantes. C’est impressionnant la similitude avec les évènements du mois de mai qui ont eu lieu au Brésil, avec la colère des camionneurs suite à la hausse des prix des combustibles. Les soutiens de Bolsonaro s’y sont greffés et ont confisqué la frustration des pauvres gens, avec des slogans faciles, sans argumentation et en disséminant des fake news. Bolsonaro vient d’être élu Président de la République.
Une sorte de déjà-vu de l’Histoire habillé en high-tech
Quel monde étrange, celui où les formules de prise du pouvoir par les fascistes se ressemblent un peu partout, en dépit de la culture, du pays ou du continent visé. L’Histoire des années 30 se répète et comme je ne l’ai pas vécue, ça me choque d’assister à tout cela, de mes propres yeux, au présent. Ce que je constate aussi, c’est qu’avec les réseaux sociaux et internet, toute cette frustration populaire et la haine qui en découle se propagent beaucoup plus vite et partout. Tous ces gens confus et frustrés par les hommes politiques du genre µ –avec un vrai mépris de classe– se font happer plus ou moins facilement par des organisations d’extrême-droite. Des groupes qui font appel à nos instincts primaires, qui minent avec leur argumentation reptilienne les défouloirs du web et qui gagnent des nouveaux adeptes tous les jours. La vraie globalisation. La formule du fascisme.
Paulo Correia
Paulo Correia est musicien, ex-géologue pétrolier. Il co-anime avec João Vasco Almeida et ses chroniques d’opinion le blog « Ideia perigosa – Idée dangereuse »