Perle macronesque 7

« Les britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher » (E. Macron)

 

Margaret Thatcher était une adepte forcenée du libre jeu du marché. Influencée par l’économiste ultra-libéral Milton Friedman (que Naomie Klein décrit précisément dans « La stratégie du choc »), elle refuse toute intervention de l’État et favorise les privatisations. La dérégulation de l’économie et du marché du travail sont les grands axes de la stratégie qu’elle met en œuvre. Lors de son second mandat, alors que le budget de l’État est ramené à l’équilibre à marche forcée, elle engage le bras de fer avec les syndicats. Plusieurs lois coercitives adoptées limitent les prérogatives syndicales, interdisent les grèves de solidarité, etc. Ces réformes se heurtent à une vive résistance, qui culmina dans la grande grève des mineurs de 1984-1985 conduite par le syndicat NUM et son bouillant leader Arthur Scargill, au caractère quasi insurrectionnel, au moment où les puits fermaient les uns après les autres. Le mouvement syndical est défait et, bien que toujours puissant (10 millions d’adhérents en 1990), il éprouvera les pires difficultés à se remettre des sévères coups portés par la Dame de fer. 

Macron a déjà, à cette étape de la comparaison, montré qu’il avait parfaitement retenu la leçon de son mentor.

Lorsque Margaret Thatcher démissionne de son poste de premier ministre, elle laisse à son successeur, John Major, une situation économique et sociale catastrophique. Si la City a prospéré, le coût social est très lourd : chômage de masse, accentuation des inégalités sociales, réduction des prestations. Les quartiers ghettos des grandes villes (Brixton à Londres, Toxteth à Liverpool) sont le théâtre d’émeutes. La proportion de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté (50 % du salaire moyen) passe de 8 % en 1979 à 22 % en 1990, soit 9 millions de personnes, dont 3 millions d’enfants.

Bobby Sands décède le 5 mai au bout de soixante-six jours de jeûne, puis, semaine après semaine, les neuf autres s’éteignent sans que Mme Thatcher n’accepte de faire le moindre geste sur leur demande de statut de prisonnier politique. La liste des désastres occasionnés par la tyrannie folle et absurde de cette femme sont innombrables.

En effet M. Macron, ce fut une véritable chance pour les britanniques. D’ailleurs ils étaient tellement affectés par son décès que dans toutes les grandes villes de l’Angleterre les citoyens ont manifesté leur liesse avec une jubilation qui faisait plaisir à partager.

On ne pourra pas reprocher à M. Macron la franchise de ses intentions.

À toute fin utile, M. Fillon a tenu les mêmes propos quant à Mme Thatcher. Où est l’erreur ? Il n’y en a pas, ils sont tous les deux issus de la même cellule souche, celle de l’ultra-libéralisme mâtiné de MEDEF et synthétisé dans le laboratoire du grand capital.

On verra, dans une autre perle macronesque, que M. Macron pense que « Le libéralisme est une valeur de gauche ». Nous ne voudrions pas donner dans le syllogisme de plus bas étage mais l’équation nous paraît assez simple.

1- Mme Thatcher était libérale (ultra)

2- Le libéralisme est une valeur de gauche

3- Donc Mme Thatcher est de gauche (ultra).

Les premiers à s’en réjouir sont Olivier Besancenot, Philippe Poutou et Nathalie Artaud qui viennent de faire une nouvelle recrue à titre posthume.

Macron appartient à cette catégorie de personnes qui profèrent des horreurs et qui continuent à capter l’enthousiasme de quelques décérébrés.

« Chose vraiment surprenante (…) c’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée à un joug déplorable, non qu’ils soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir, puisqu’il est, envers eux tous, inhu­main et cruel. » (Etienne de La Boétie : « Discours de la servitude volontaire »).

La question est : est-ce que M. Macron est simplement un clown facétieux ou un gourou sectaire ? Voire les deux ?

Nous pencherons plutôt pour un iconoclaste de salon.