Perle macronesque 12

« Le chômage de masse en France c’est parce que les travailleurs sont trop protégés » (E. Macron)

 

Chaque artiste consacré a son « best of ». Avec M. Macron l’étendue de ses déclarations ainsi que leur portée nous plongent dans un tel abîme de stupeur qu’il est impossible de choisir la perle des perles. Le suzerain navigue à un tel niveau d’excellence dans ce domaine qu’il est quasiment impossible d’extraire le meilleur de ses saillies.

Ainsi M. Macron voudrait nous faire croire que la protection des travailleurs est à l’origine du chômage de masse.

Qui protège les travailleurs en premier lieu ? Le droit du travail. Donc le droit du travail est à l’origine du chômage de masse. C’est d’une évidence si triviale qu’on se demande comment on n’y avait pas songé auparavant.

Nous avons déjà examiné la vacuité des réflexions philosophiques de M. Macron qui semble prendre son inspiration dans le trimestriel du « Manuel des castors juniors » pour nous alimenter de ses « pensées complexes » à l’aide d’un pipotron (*).

On le pensait réduit à ce défaut ; irritant certes, mais véniel si on considère l’arrogance et la suffisance du sujet. M. Macron voudra bien nous excuser d’assimiler sa grandeur à un sujet.

Mais non ! Le suzerain se pique également d’économie, de chômage, de travail et toute sorte de sujets pour lesquels il n’a en fait absolument aucune compétence puisque n’y ayant jamais été exposé. Il y a des gens pour qui la plus grande compétence est de ne rien faire, c’est là où ils sont surtout les moins nocifs. N’avait-il pas déjà commis assez de ravages quand il était aux commandes du paquebot Bercy ? La politique économique et financière qu’il a menée sous la tendre férule de son mentor fut un désastre qu’on peut qualifier sans trop abuser de : total. L’épisode des cars « bas coûts » en est sûrement le point d’orgue.

Tous les économistes sérieux (Pascal de Lima, Piketty, Généreux, et autres) montrent qu’il n’y a aucune corrélation entre chômage et protection sociale, mais M. Macron en héraut du MEDEF, contre l’évidence, ne marche pas mais court vers l’irrationnel.

L’objectif du suzerain, et de son paillasson parlementaire, est bien de transformer le filet de sécurité des acquis sociaux en un tremplin vers la responsabilité individuelle.

Il est bien évident que lorsque les salariés seront salement licenciés avec l’application des ordonnances macronesques ils devront devenir acteurs de leur futur et se lancer dans le vide du chômage avec un sac à dos en guise de parachute. C’est ce que le suzerain appelle la « responsabilisation individuelle ».

> Macron n’a jamais caché son enthousiasme débordant pour la manière dont l’Allemagne avait réformé la société en prenant appui sur les lois Hartz.

Il faut rappeler qui est Peter Hartz.

Hartz a été pendant très longtemps DRH de Volkswagen qu’il a réformé à la schlag.

Appelé par Schroeder, un chantre de la social-démocratie ; il a considérablement modifié le droit du travail allemand au point de créer les premiers travailleurs pauvres.

Quand Hartz arrive aux affaires il y a 300 000 emplois intérimaires en 2000, ils passeront à 1 million en 2016 avec le passage de 18 à 22 % de travailleurs pauvres (moins de 979 € par mois). Le grand succès de Hartz a été de convertir les chômeurs en nécessiteux et de créer des forçats du travail précaire. Hartz est aussi un voyou impliqué dans de nombreuses affaires de corruption et de détournements de fonds.

Bref, M. Macron lui voue une admiration sans bornes. Hartz c’est un peu le M. Jourdain des « Chicago boys ». Il a réécrit une « page blanche » du modèle social allemand, et la violence avec laquelle il l’a fait a plongé toutes les institutions dans un renouveau à l’image des espoirs du patronat allemand. C’est ainsi que la contestation des décisions d’un gouvernement démocratiquement élu n’est plus dans les habitudes des syndicats allemands.

> Macron, inspiré par ce modèle, ne comprend pas les « fainéants, cyniques, extrémistes » et récemment les « fouteurs de bordel ». L’alpha et l’oméga de son action est de cloner le modèle social allemand et les lois Hartz avec une ardeur réformatrice pathologique.

Alors la question est : laisserons-nous faire M. Macron et son cloaque parlementaire ?

Ce que M. Macron n’aborde jamais c’est la productivité et la répartition du travail. La productivité a augmenté en moins de 50 ans considérablement plus qu’en plusieurs siècles, créant autant de richesses. Il n’aura échappé à personne que cette richesse a été essentiellement captée par une minorité qui pense qu’il est possible de s’enrichir encore plus. Rappelons à M. Macron que 9 familles vivent en France de l’intérêt que rapporte l’intérêt du capital, que Mme Bettencourt gagnait 51 660 € par heure, que huit hommes détiennent autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes qui représentent la moitié la plus pauvre de l’humanité et la liste des inégalités ne cessent de croître. Alors M. Macron voudrait nous faire croire que nous avons des travailleurs trop protégés qui sont les créateurs du chômage de masse.

Une autre question est de savoir si M. Macron nous prend pour des crétins ou des crétins.

> Macron nous voudrait « adaptables ». M. Macron, nous vous l’avons déjà rappelé, être adaptable à une société malade n’est pas un signe de bonne santé mentale. Or nous n’avons pas l’intention de nous laisser déposséder de cette santé, alors nous ferons en sorte de ne pas laisser les délires réformateurs spolier ce qui représente le socle de notre société et notre richesse.

(*) Le pipotron est un générateur automatique de phrases sémantiquement creuses utilisé par M. Macron sous le sceau d’une « pensée complexe » destiné à nous faire croire que nous sommes des crétins. C’est une forme de langue de bois issue de la déforestation de l’intelligence. Nous avons développé cette petite application disponible gratuitement, sur demande, et exécutable sur n’importe quel ordinateur personnel.

Exemple 1 : Tant que durera la sinistrose de cette fin de siècle, il convient d’avoir à l’esprit la totalité des problématiques envisageables.

Exemple 2 : Eu égard à la baisse de confiance contemporaine, il faut avoir à l’esprit toutes les alternatives envisageables.

Exemple 3 : Considérant la situation présente, il serait intéressant d’étudier l’ensemble des issues possibles.

Exemple 4 : En ce qui concerne l’inertie conjoncturelle, il serait intéressant d’imaginer toutes les alternatives de bon sens.

Sachant que les combinaisons sont infinies.

Avec cette petite application gratuite vous pourrez, vous aussi, avoir une « pensée complexe ». Il est par ailleurs tout à fait possible de l’enrichir en augmentant les champs lexicaux à votre convenance.