Le livre de F. Ruffin, comme analyse de Macron.

L’on vient de terminer le livre de François Ruffin, « Ce pays que tu ne connais pas ». Les gloses farouches d’une presse au service du pouvoir contre cette critique féroce mais d’une pertinence sans failles peuvent être considérées comme un gage de qualité de cet ouvrage.

Cette analyse est articulée sur l’examen du croisement de deux destins, celui de Ruffin et celui de Macron. Ruffin et Macron sont tous deux originaires d’Amiens et ont fréquenté le même lycée privé. De cette genèse commune naîtra deux destinées radicalement opposées, l’une tournée vers les gens, servie par une humanité construite sur ses forces et ses faiblesses, l’autre tournée au service du pouvoir que Macron s’est attaché à séduire en permanence.

Ruffin ordonne son livre sous forme de l’antagonisme de deux vies afin de mettre en évidence la distance entre le monde macronien, celui du pouvoir, de la finance, de l’argent et celui des gens de la vraie vie, ceux qui travaillent, ceux qui souffrent, celui des GJ et ceux qui sont parvenus au terme de l’exaspération tacite manifestant leur refus de l’imposture de ce valet du libéralisme débridé.

Ce sont deux existences, deux personnalités contemporaines antinomiques. Les histoires des gens que Ruffin rencontre et écoute nous racontent notre monde et mettent en relief la surdité, la cécité et le manque d’empathie du monde de Macron.

Le livre de Ruffin est émaillé de témoignages qui mettent en reliefs la personnalité de Macron. La sévérité du constat est à la hauteur de la duplicité et de la vacuité de ce cuistre héraut d’une époque crépusculaire.

Les thuriféraires du porte-drapeau de ce monde agonisant n’auront pas manqué de crier au scandale quant à cet ouvrage. Il est cependant curieux de constater la convergence des faits de plusieurs autres critiques parues concomitamment (“Crépuscule” et “Contre Macron” de Juan Branco et “Le président des ultra riches” de Monique et Michel Pinçot-Charlot). Il se trouve que les faits sont la chose la plus obstinée du monde.

 

Le monde de Macron, 

c’est un tableau de George Grosz.

     

 

Ruffin commence par poser le problème des pouvoirs entourant Macron dont celui de presse. Rien que nous ne sachions déjà pour l’essentiel mais qui semble pourtant déranger les serviteurs d’une information formatée en appui d’un pouvoir financier qui l’a créée. Ruffin rappelle en page 120 quelques faits incontestables (en annexe du texte)

Drapés dans une morale d’apparat, ces journalistes la main sur le cœur nous assurent de leur indépendance. Il n’est pas dans les habitudes des « Pêcheurs » d’illustrer une critique par un usage abusif de photos. Toutefois nous voudrions soumettre à la sagacité du lecteur cette photo prise en juin 2017 à Orly devant le magasin Hachette (Groupe Lagardère).

Non, bien évidemment Macron ne bénéficie pas de l’appui inconditionnel de la presse, et les journalistes ont une complète latitude dans leur analyse, tout cela tombe sous le sens d’un martelage grossier propre à manipuler les gens. Alors Ruffin n’évoque ici rien d’autre que cette évidence. Remettre en cause une éditocratie au service d’un pouvoir relève donc d’un péché capital envers le Jupiter de la verticalité à la pensée complexe de philosophe ridicule.

C’est l’univers du philosophe de comptoir que Ruffin étrille quant à sa production d’une vacuité totale. Ruffin pose le problème sans détours. La légende de Macron le prétend philosophe de formation ayant œuvré aux côtés de Paul Ricœur et produit une thèse avec Balibar, deux philosophes de qualité. Malheureusement aucune trace de la prétendue thèse, Balibar lui-même ne se souvient pas avoir eu Macron comme étudiant. Quant à sa prétendue proximité avec Paul Ricœur, ses plus proches collaborateurs n’ont pas souvenir non plus.

De notre côté, nous avons effectué des recherches sur internet de potentielles productions de Macron comme philosophe. Le résultat est édifiant : pas la moindre ligne, pas le moindre article, pas le plus petit essai (hormis une dissertation niveau Terminale sur Machiavel alors que le philosophe d’apparat se trouvait en DEA). Ruffin démontre le vide du personnage et le rend à ce qu’il est, un pantin articulé par le monde des ultras riches.

Que reprochent encore les journalistes à Ruffin ? Son attaque ad hominem sur le physique de Macron. Faute de mieux, dans l’incapacité de nier les faits objectifs énoncés dans l’ouvrage, ils font front devant ce qu’ils jugent d’une subjectivité coupable, dont voici un extrait.

 

 

Les précieux ridicules s’en offusqueront, nous non. Personne parmi les « Pêcheurs » n’est adepte de la morphopsychologie comme approche de la personnalité, et il n’est pas question de cela dans le livre de Ruffin. Pourtant il tombe sous l’évidence que nous portons les stigmates de notre classe sociale. Il est des truismes difficiles à nier. Qui n’a pas rencontré des travailleurs des TP marqués à 40 ans par la dureté des tâches de leur métier ? Qui n’a jamais côtoyé des femmes aux épaules voutées par les gestes répétés du travail à la chaîne ? Il serait bon que Macron, sa légion de marcheurs morts et les journaleux serviles lisent « Souffrance en France » de Christophe Desjours et visionnent le documentaire de Jean Michel Carré « J’ai mal au travail » lien disponible en fin de page.

Jean-François Amadieu (sociologue français spécialiste des relations sociales au travail ainsi que des déterminants physiques de la sélection sociale) a procédé à une étude claire entre aspect physique et origine sociale. Nier que l’origine sociale est un déterminant de l’aspect physique relève de la cécité complice ou de la stupidité confirmée. Ainsi il constate :

«Dans les quartiers comme celui où nous sommes, (arrondissements riches de Paris) il n’y a pas de personnes obèses, remarque-t-il. Chez les CSP+ (Catégories Socio Professionnelles les plus favorisées) les taux d’obésité dégringolent au-delà de 3.800 euros par mois.»

Il ajoute :

« L’apparence est très liée au milieu social. Vous êtes plus ou moins exposés à l’obésité ; l’accès aux soins dentaires ou l’exposition au risque de handicaps est inégalement réparti (selon les classes sociales). »

Le constat ne s’arrête pas là, selon le spécialiste de la beauté comme monnaie sociale, l’économiste américain Daniel Hamermesh, être beau permet de gagner jusqu’à 15% de plus par an.

Les apparences comptent tout simplement parce qu’elles constituent la première source d’information dont nous disposons sur une personne, en particulier si nous ne la connaissons pas. Les autres nous jugent donc sur notre physique, et nous en faisons tout autant, de manière automatique, dans les premiers instants d’une rencontre simplement parce que nous cherchons à cerner l’autre à partir des quelques indices dont nous disposons.

Parfois, nos a priori basés sur le physique s’estompent, lorsque nous apprenons à connaître la personne, mais parfois pas.

Ruffin n’aime pas le physique de Macron, il a appris à le connaître et il n’a pas changé d’avis. Nous aimerions que les précieux ridicules expliquent où se trouve le crime, où est l’ignominie. En ce qui nous concerne, nous n’apprécions pas l’apparence de Macron, lisse, elle ne raconte rien. Son physique est l’expression du néant qui l’habite, du vide et de la stérilité de sa pensée complexe. Son physique de gendre idéal aurait toute sa place dans un roman balzacien.

Que reprochent encore les aboyeurs de la doxa macronienne à cet ouvrage de Ruffin ? Sa publication brutale sans annonce préalable. La bonne blague. Depuis quand doit-on avertir le prince de la sortie d’un livre, fusse-t-il une critique sévère du monarque ? D’ailleurs Macron nous avait-il annoncé la privatisation de la SNCF pendant sa campagne présidentielle ?

Oui ce livre est un uppercut à Macron, et cet uppercut est salutaire.

Nous vous engageons à lire de toute urgence ce livre d’une authenticité devenue rare.

 

Annexe :

Film complet « J’ai mal au travail »

 

  1. Xavier Niel (Wikipédia – Xavier Niel) : propriétaire du fournisseur d’accès FREE, Sa fortune est estimée, en 2018, à 7 milliards d’euros, 8ème fortune française, il possède :
    1. Le Monde
    2. Télérama
    3. Courrier International
    4. Le Huffington Post
    5. L’obs
  • Bernard Arnault (Wikipédia – Bernard Arnault) : propriétaire de LVMH, sa fortune est estimée, en 2018, à 60 milliards d’euros, 1ère fortune de France et 4ème fortune mondiale, il possède :
    1. Le Parisien
    2. Les Echos
    3. L’Opinion
  • Patrick Drahi (Wikipédia – Patrick Drahi: propriétaire du fournisseur d’accès SFR, sa fortune est estimée, en 2018, à 6 milliards d’euros, 11ème fortune de France, il possède :
    1. BFM
    2. RMC
    3. L’Express
    4. Libération
  • Vincent Bolloré (Wikipédia – Vincent Bolloré) : propriétaire du Groupe Bolloré, sa fortune est estimée, en 2018, à 7 milliards d’euros, 9ème fortune de France, il possède :
    1. Canal +
    2. C8
    3. CNews
    4. Direct Matin
    5. Direct Soir
    6. L’institut de sondage CSA
  • Martin BOUYGUES (Wikipédia – Martin Bouygues) : propriétaire du consortium Bouygues et du fournisseur d’accès éponyme, sa fortune est estimée, en 2018, à 4 milliards d’euros, 16ème fortune de France, il possède :
    1. TF1
    2. LCI