Le capitalisme est une religion 

Le capitalisme est une religion 

(Première partie)

Le capitalisme se fonde sur la croyance de l’idée de progrès qui postule une amélioration continue du sort de l’humanité. Cela suppose un sens à l’Histoire, or l’Histoire n’a pas de sens. C’est une vision pour le moins naïve et linéaire qui voudrait un enchaînement nécessaire d’évènements dirigés vers un objectif, en résumé une vision déterministe (1). L’Histoire, notre histoire, est constituée de discontinuités, de ruptures et le progrès n’est en aucun cas une garantie.

Les politiques ne cessent de nous bercer avec ces illusions propres à nous endormir sur les rêves qu’ils vendent mais sont bien incapables de réaliser. Tous sans exceptions cèdent à ses mensonges et vendent des chimères. Posons la question :

Sont-ils à ce point cyniques qu’ils n’ignorent rien de cette réalité, ou sont-ils ignorants et ne tirent-ils aucune leçon du chaos de l’Histoire ?

Le progrès est hors de portée de toute initiative politique, aucun système politico-économique ne peut se targuer de progrès et se donner comme intention la réalisation d’un éden.

Il est donc fondamental de se donner comme ligne de lutte une évolution permanente, voire une révolution permanente. Nous entendons révolution dans le sens d’un questionnement permanent.

 

Cette idée de progrès érigée en véritable religion permet au capitalisme de pénétrer l’imaginaire collectif et de justifier la dynamique de l’accumulation du capital en culte incontestable et vertueux.

On est parfaitement fondé à assimiler le capitalisme à une religion quand on constate que sa version moderne prend une grande partie de ses racines dans l’éthique chrétienne surdéveloppée dans le protestantisme. Ses thuriféraires y font l’apologie de l’ardeur au travail comme signe de prédestination et du pur labeur comme chance de salut. Et c’est bien la raison pour laquelle il faut s’interroger sur la valeur travail.

Au-delà des fadaises que nous a chantées Macron sur l’équilibre budgétaire du système de retraite, c’est avant tout l’outil de manipulation du peuple qu’il défend.

Week-end et RTT ne sont que des victoires illusoires vite cédées à la sphère marchande. Les congés ne sont qu’une période de consommation touristique débridée avec son obsession marchande pendant laquelle le salarié dépense ses économies d’une année pour retrouver l’énergie d’aller travailler.

Le caractère culpabilisant de la religion capitaliste est immanent.

Le capitalisme a pour objectif clair de culpabiliser ses administrés pour mieux les exploiter. Une des règles d’or du capitalisme réside dans la culpabilité. Pour s’en extraire, il faut désobéir et reprendre la voie de la liberté de dire « non ». « Dire non, c’est penser » disait Alain. Rien ne nous oblige à devenir les esclaves de cette machinerie infernale qui nous mène à notre perte.

Les chômeurs, les salariés n’atteignant pas leurs objectifs de production ainsi que les pauvres sont autant anathématisés que le mauvais consommateur.

Le capitalisme ne se caractérise pas uniquement comme un système économique dans lequel l’accumulation de capital est un véritable mantra, c’est un culte, une religion comme l’a illustré Max Weber.

 

(1) « La fin de l’histoire et le dernier homme » (Francis Fukuyama)

28/05/23